La présence confirmée du loup en ce mois de janvier 2025, près de Quimperlé, nous invite à nous interroger sur la présence historique de cet animal sur notre commune. D’après l’Atlas de la biodiversité communale, la dernière trace documentée de la présence du loup gris remonte à 1815. Cependant, il semble que les loups aient subsisté bien au-delà de cette date. En effet, des articles du journal Le Finistère attestent de la présence de loups dans le bois de Pleuven en 1875.
Voici une transcription de ces articles:
Journal « Le Finistère »
« 26 Juin 1875
Saint-Yvi – Le bois de Pleuven a la réputation d’être l’asile ordinaire des loups qui ravagent nos environs. C’est là qu’on va leur tendre des embûches; les cultivateurs voisins placent sous bois, à l’intention de ces redoutables maraudeurs, des pièges qu’on laisse à découvert pendant la nuit et que, pendant le jour, on recouvre de fascines.
Un loup fut capturé de la sorte, il y a quelques semaines, et abattu sur place. On imagina d’enterrer son cadavre à fleur de terre et de disposer à l’entour cinq à six pièges gigantesques destinés à ceux de ses confrères que cette proie pourrait attirer.
Dans la matinée du 22 juin, on constata que l’endroit en question avait été visité pendant la nuit, et que l’un des pièges avait disparu. La terre foulée, les arbres mutilés et labourés à l’entour, tout annonçait qu’une bête de forte taille s’était laissé prendre et avait lutté longtemps pour se dégager. Il ne fut pas difficile de suivre la trace : elle mena droit à un fourré où l’on retrouva le piège enfoncé profondément entre deux souches. Chose horrible ! Une patte sanglante était prise dans les lames de fer, et l’on eût dit qu’elle avait été coupée à l’articulation par le tranchant d’une hache.
On devine ce qui s’était passé. Notre loup, attiré par l’odeur de la chair morte, s’était inconsidérément approché, et l’une de ses pattes de devant avait touché le piège, qui s’était refermé sur elle. D’un bond prodigieux, il avait essayé de se délivrer. Le piège n’avait point lâché prise, mais il avait été arraché de terre, et la bête était partie, entraînant avec elle ce poids de plus de quinze kilogrammes. Par malheur pour elle, deux souches entrelacées se rencontrèrent sur son passage et le piège, s’y engageant, l’arrêta court. Le fugitif fit de terribles efforts pour venir à bout de ce nouvel obstacle : on retrouva des branches énormes rongées et déchirées en éclats par ses dents. Quand il vit sa situation désespérée, il prit un parti héroïque, et ce fut contre sa patte prisonnière qu’il tourna sa fureur. La chair, les muscles, les os, tout céda sous ses dents enragées ; la patte resta là, mais elle resta seule, et notre amputé volontaire alla jouir ailleurs de sa liberté qui, il faut l’avouer, lui coûtait assez cher.
Les chasseurs du voisinage furent appelés mais chasseurs et chiens n’ont pu retrouver la trace du fugitif. Réduit à trois pattes, et l’on ; craint que les troupeaux des environs n’aient bientôt de ses nouvelles.
21 Août 1875
Nous avons raconté, il y a plusieurs semaines, la façon héroïque dont un loup s’était dégagé du piège en y laissant sa patte qu’il avait coupé au-dessus de l’articulation. Cela se passait dans la commune de Saint-Yvi, au bois de Pleuven. On nous annonce que ce loup invalide y a été trouvé quelques jours après ; on s’en est emparé sans peine, grâce à l’état d’épuisement où il se trouvait et qui montrait assez qu’il avait fait maigre chère depuis l’accident qui l’avait privé d’un de ses membres. »
Pour illustrer cet article voici deux illustrations de 1875 de la revue « La chasse illustrée » .