Une mongolfière se pose sur la commune le 11 juin 1925

Le 11 juin 1925, une mongolfière vient se poser sur la commune de Saint Yvi. Ce ballon participe à la coupe Gordon-Bennett. Cette coupe récompense le compétiteur qui parcourt la plus grande distance en ballon. En 1925, le départ a lieu à Bruxelles. Demuyter, le pilote du ballon Belgica se posa sur notre commune. 

Après 4 jours de doutes sur la validité de l’atterrissage de son compatriote Veenstra en Espagne, il sera classé deuxième de cette coupe.

Voici le Belgica à son départ de Bruxelles en juin 1925.

Source gallica.bnf.fr / BnF

le Belgica

Retranscription de l’article de Paris-Soir du 13 juin 1925

Demuyter décrit son voyage aérien de Bruxelles à Saint Yvi

Bruxelles.

Veenstra et Quersin les audacieux pilotes du Prince Léopold qui risquèrent le tout pour le tout et la mort même afin de décrocher la victoire dans la coupe Gordon-Bennett, se verront sans doute mis hors de course en raison de l’application rigoureuse du règlement.

En effet, Demuyter et Cockelberg, en allant prendre terre à la pointe que la Bretagne pousse dans la mer, se sont attribué la victoire.

Ce soir sont parvenus à Bruxelles les premiers détails circonstanciés du voyage du Belgica.

Demuyter 4 fois vainqueur déjà de la Gordon-Bennett, a tenu heure par heure son livre de bord. Pas de phrases, mais des chiffres. Voici brièvement résumé ce qu’ils disent :

« Départ de la plaine de Solbosh à 17h. 55, dimanche, par une température de 30°. Le ballon monte à 752 mètres, puis à 900 ; la température tombe à 25°. L’aérostat descend à 18 heures à 550 mètres et déjà il a fallu sacrifier 50 kilos de lest.

« A 18h. 15, il remonte à 1.380 mètres la température est de 20° , la direction Sud-Ouest, la vitesse est inférieure de 10 à 15 kilomètres à celle d’autres ballons navigant à plus faible altitude. Pour se maintenir dans un courant propice, la dépense de lest est indispensable et considérable.

« Quatre heures après le départ, la température est descendue à 11°. Le ballon commence à survoler la France vers Douai.

« A minuit, 250 kilos de lest ont été sacrifiés.

« Au petit jour, la côte apparaît. Les aéronautes laissent sur leur droite le Tréport et Dieppe ils vont vers le Havre. Le soleil reparaît, la température atteint bientôt 18°. A ce moment trois ballons sont en vue. Demuyter les observe afin de profiter des indications qu’ils donnent suivant les altitudes différentes auxquelles ils se trouvent. Il en conclut qu’il doit abandonner le courant qui l’emporte et ce sont de nouveaux sacrifices de lest.

« A 10 heures du matin, le Belgica est au large de la baie de la Seine. L’altitude est insuffisante ; il faut monter pour atteindre 5.000 mètres. Demuyter sacrifie un lest précieux. Depuis le départ il a abandonné déjà près de 500 kilogrammes. Son ballon traverse la presqu’île du Cotentin et lorsqu’il dépasse, à 14h. 15 la baie Saint Michel, la température est de 2 degré au-dessous de zéro.

« Nous pénétrons en Bretagne, dit l’aéronaute, au nord de Saint Brieux ; il ne nous reste plus que huit petits sacs de quinze kilos. Il a fallu ramener le ballon au-dessus de 5.000 mètres pour ne pas glisser le long de la côte vers l’entrée de la manche.

« Ainsi la journée se passe. A 16 h. 15, nous descendons à 960 mètres, température 23°. Nous avons encore cinq sacs de lest : 75 kilos en tout. Nous commençons à naviguer en nous équilibrant le mieux possible à basse altitude entre 400 et 200 mètres et nous arrivons, à 18 heures, à 320 mètres, avec une température de 26°, filant à allure assez rapide vers le sud-ouest.

« Cette direction fait prévoir une nouvelle traversée maritime ; malheureusement, le lest sera insuffisant vu l’heure avancée de la journée. La traversée maritime, qui se présente, malgré la bonne vitesse du courant, est de grande envergure. A 19 heures, nous sommes à 350 mètres, température 24°, direction Sud-Ouest. Il ne nous reste plus que deux petits sacs de lest : trente kilos. A 19h. 40, nous sacrifions l’avant-dernier.

« Maintenant, vu le cubage du ballon, 2.200 mètres cubes -ne l’oublions pas- nous pouvons être coller au sol n’importe où. A notre sud se trouve la lisière de la forêt de Concarneau. Il faut en finir : nous atterrissons dans un renfoncement abrité de la bonne brise du Nord-Est qui nous a porté pendant les quatre dernières heures du raid. Nous sommes près de Saint Yvi, au nord-nord-ouest de Quimper. Atterrissage normal. Après, nous sommes entourés par des paysans et des paysannes aux costumes originaux de la Bretagne.

Et Demuyter conclut comme suit :

« Nous avons l’impression de ne pas avoir pu donner à cette randonnée toute l’ampleur des années précédentes par suite des variations de température subies depuis le départ, qui ont fait endurer à notre Belgica une différence de 38°.

« Après 26 heures et demie de voyage, nous étions sans lest ; l’an dernier, après 43 h 16 min. d’ascension, nous atterrissions en Écosse et nous disposions encore de 150 kilos de lest. Nos manœuvres météorologiques se sont accomplies régulièrement. Dès le départ, nous avons exactement envisagé la situation et écarté catégoriquement la manœuvre d’Angleterre qui était scientifiquement impossible. »

Voici les parcours des différents protagonistes (extrait du magazine Excelsior du 11 juin 1925)

Excelsior 11 juin 1925

Voici une photo des deux protagonistes dans une nacelle en 1922. A gauche Ernest Demuyter et à droite Alexander Veenstra

Source gallica.bnf.fr / BnF

Demuyter et Veenstra en 1922